"L'album de la consécration pour Annorkoth"
Deux ans de création, ça se fête ?? Pas forcément me direz-vous, surtout lorsque le groupe n’a sorti qu’un seul album ou une promo, enfin, débute sa carrière. Et pourtant, Annorkoth, ce one–man–band russe originaire des plus sombres et noires forêts de Moscou peut dignement fêter ses deux années de création : avec plus de vingt productions variées tels de nombreux splits avec des groupes tous très bons (Adabroc, The Descent Of The Sun, Neglected Skies…), des démos, des albums ainsi que des Eps, le russe a enchainé les sorties et les productions avec une cadence infernale, il rattrape presque Earthenwomb.
Toutes ces musiques en si peu de temps pourraient impressionner de par le fait que la musique pourrait être bâclée, brouillon, or ce n’est pas le cas, bien au contraire. BM, comme il se surnomme, nous offre principalement un son de très bonne qualité, une de ses principales qualités est effectivement le fait qu’il arrive à varier à chaque albums son style, le rendant plus original, plus accrocheur à chaque fois, il passe sans aucun problème a du Post-Rock "schoegaze" à du Black Métal Dépressif voire Ambient ou du piano sombre et lugubre.
Débutant en s’auto-produisant, ses dernières offrandes paraissent désormais sous l’un des plus gros label russe du moment : Depressive Illusions Records.
Et c’est donc en ce début de l’an 2012 qu’il nous sort son premier album éponyme, concrétisant enfin ces deux années de dur labeur.
Les pochettes étant toutes essentiellement typiques au black métal, avec des forêts sombres et des univers glacials, Annorkoth est dans le moule, des arbres, des montagnes, du froid. Celle de cet album est plus différente même si elle représente quand même les bois sans fin des forêts vierges russes, la photographie a été prise en automne et montre avec le mélange des couleurs vives des feuilles, les sous bois sombres et le ciel bleu où s’amoncellent des nuages donc tout l’univers et l’ambiance du déclin des jours qui se retrouvera tout au long de l’album, un peu comme dans "Wind of Death" ou "The Eternal Coldness" sauf que dans ces deux derniers, le contexte était beaucoup plus poussé sur les phénomènes de grand froid typiques de l’hiver mordant avec le blizzard ou autre temps extrême. Dans "Annorkoth", nous avons plus droit à un ressenti de solitude, de froideur, certes, mais du début, c’est l’arrivée du grand froid (démontré à la fin de "A Moment of Indifference" ou des bruitages d'orages et de vents se font entendre).
Annorkoth se démarque très facilement de l’univers du Black Métal, considéré comme un style bien à part et assez difficile à maitriser puisqu’il s’impose en offrant une musique reconnaissable dès la première note, ne puisant son inspiration que dans le murmure des arbres et de l’univers.
Ce son bien spécial, souvent repérable par les lignes de guitares très proches (qui peuvent parfois donner des petites impressions un peu linéaires), un tempo très cadencé, et évidemment un chant bien plus présent que dans les anciennes productions, il fait partie intégrante de l’album et est terriblement efficace, très sombre, imprégné d’une noirceur sans limites, parfois tel un cri de détresse, mais aussi lugubrement mélancolique.
L’utilisation des claviers, si je puisse dire, de sons cristallins en fond de musique, rends la musique encore plus ambiancée, un peu à la façon des Australiens de Neglected Skies, la faisant planer, rendant l’atmosphère encore plus lourde. Ceux-ci apportent de temps à autre un peu de mélodie dans ce monde de tristesse, comme dans "Lost andForgotten", les plus fabuleux et entraînants étant surement ceux de "Dawn", le déclin, le passage du jour à la nuit, de la fin de l'été au début de l'automne.
La batterie avec l’utilisation de la doube-pédale, bien que peu utilisée se fait entendre, mais le son parait plutôt confus avec comme une sensation de lointain, et le chant qui arrive d‘encore plus loin, des profondeurs du plus sombre des abîmes, oui, c’est ça, des abîmes, c’est de là que vient la musique d’Annorkoth.
Des thèmes plutôt sombres, encore une fois, comme dans "Shades of Misanthropy" ou "An Insignificant Life", le suicide, la solitude, la dépression et la tristesse sont mis au premier plan pour faire ressortir le mal-être humain.
"Shades of Misanthropy" présente même un hurlement vers les deux minutes trente, et dans "The Last Chance toEscape", BM fait planer son chant black, le rendant encore plus morbide.
Chose originale, dans "Wolves Are Howling at the Moon"(pas trop de problèmes de traduction, les loups hurlent à la lune !), l’intro accompagnée de ces hurlements justement met dans l’ambiance de la pleine lune et nous faisant encore plus sursauter vers le milieu du titre. Les riffs de guitares y sont plutôt assez travaillés pour rendre une production plus mélodieuse, les claviers comme dans les titres précédents sonnent comme un orgue, nous sommes vraiment dans l’ambiance qu’Annorkoth nous impose, impossible d’en décrocher.
Cet album est donc celui de la consécration pour le russe, plus travaillé, plus abouti, plus preneur, plus glaçant. La musique offerte nous plonge dans un univers spécial totalement impressionnant, BM arrive parfaitement à combiner le Black Métal puissant et destructeur, les mélodies, la mélancolie profonde, les ambiances planantes et atmosphériques, comme un voyage vers l'au-delà, à travers la Taïga Russe plus terrifiante et impénétrable que jamais, à travers toutes les facettes de l’être humain, du désespoir et de la solitude...
A écouter en boucle, inlassablement, afin que ce voyage ne s’arrête jamais, Annorkoth a emprunté le chemin de la réussite, un petit one-man-band russe de plus, mais pas n'importe lequel, c'est celui qui va rapidement se démarquer avec ce style si propre à lui-même, les amateurs de bon Black Métal seront autant charmés que les amateurs de n'importe quel autre style, à ne pas rater.
"Annorkoth" est donc une des révélations de 2012, qui plus est, avec ce commencement de l'année, a utilisé ses bonnes résolutions à bon escient.
Béon. 18/20
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