dimanche 15 avril 2012

Soulline : The Struggle, the Self and Inanity

Une idée de départ plutôt originale, pour une musique des plus prometteuse...


L'année 2010 aura été pour la scène métal suisse plutôt réussie avec des sorties d'albums tels l'incontournable "Everything Remains As It Never Was" d'Eluveitie, "Eparistera Daimones" de Tryptikon ou encore "Schattenspiel " de Lacrimosa
Mais aussi "The Struggle, the Self and Inanity" du quintette fondé en 2000 Soulline, ayant déjà un album en 2007, "Oblivium" à son compte. 
Et voilà que le combo remet ça trois ans plus tard en sortant donc "The Struggle, the Self and Inanity", album qui passera malheureusement totalement inaperçu comme le précédent à vrai dire, tombant tout aussi vite dans l'oubli, et qui forcera donc le groupe à continuer sur sa lancée de prestations sur la petite scène régionale, à part peut-être une prestation au Wacken Open Air en 2008 et au Blitzkrieg V East Tour 2010 ainsi que quelques tournées avec des groupes tels Rotting Christ ou Pro-Pain, mais ne permettant pas au groupe de percer plus. 

Mais je sortirais maintenant cet album des archives, pour me pencher sur ce qui est un concept des plus originaux en matière de Death Mélodique de ces dernières années, style reconnu comme le plus actif de ces dernières années, avec évidemment ces dérivés, comme cette vague Métalcore venus des Etats-Unis qui ne cesse de s'agrandir et "obstruer" ce style qu'est le mélodeath, fondé au départ par des groupes tels At The Gates,Soilwork ou In Flames

Produit donc sous le petit label suisse "Quam Libet Records" (Pÿlon ou Disobedience), l'album présente un artwork plutôt... lumineux, avec ce petit cabanon perdu au milieu de bois sombres et de mauvaises herbes d'où sort un puissant jet lumineux... 

L'album commence plutôt bizarrement par "Greed, Sweet Need", avec une sonorité très Doom/Gothique au niveau instrumental et avec un chant étrangement auto-tuné et parlé, mais arrive rapidement un chant death puissant ainsi qu'une instrumentation plus violente, et enfin un doux chant clair. 

Le chant death donc se voit très variable, tantôt complètement déchiré et décharné, tantôt ponctué de growls gras et lugubres, mais restant structuré et puissant, une belle démonstration de l'aisance avec laquelle Klod varie les growls sombres et les hurlements, comme sur le second titre "Still Mind", même si cette maîtrise se retrouve tout au long de l'album. 

Mais voilà même que celui du début de "Newer Order of Reality" ou de "Hypnotized" se voit proche de certaines intonations black de par une montée dans les aigus rugissante, et on peut dire que ces petites touches se retrouvent tout au long des titres qui ne comporte presque pas de growls, seulement quelques chœurs (ceux-ci plutôt très présents dans "Newer Order of Reality" tandis que ce ne sont que de simples chœurs grégoriens que nous avons dans "Hypnotized"). 

Quant au chant clair, il est très typé: chargé en douceur et en mélancolie, il se voit fortement influencé par le Métal Gothique mais aussi par des groupes tels Amorphis ou Opeth. Très mélodique donc, et même s'il se voit parfois un peu indistinct et couvert par le flot d'instruments, il est très agréable et rajoute donc une magnifique touche de beauté et de mélodies à ce Death Métal plutôt agressif, on peut dire que le refrain de "A New Identity" est tout simplement envoûtant et prenant, l'air reste ancré dans l'esprit et ne veut plus sortir... 
Malheureusement, le seul passage qui peut se trouver un peu maladroit est peut-être celui de "Newer Order of Reality" qui se voit un peu décalé par rapport aux mélodies apportées par les guitares et les samples de symphonies. 

Justement, ces samples se voient un peu discrets, légèrement mis en arrière par rapport aux autres instruments mais lorsqu'ils arrivent à se faire un chemin, ils sont plutôt magnifiquement préparés, épiques et dramatiques à tel point que le refrain en chant clair de "The Needs of Mankind" se dote d'une dimension envoûtante et impériale grâce à ces éléments. Nous avons même droit à des passages d'orgue en fond de "The House of Enlightment", on peut dire que les suisses puisent encore leurs influences du Doom Métal même pour ça, mais du Doom Funéraire plus particulièrement ici. 

Ce sont aussi des riffs très travaillés que nous balancent les deux guitaristes, avec des mélodies impressionnantes et des solos vertigineux, ils sont vraiment techniques tout en restant simplistes sur certains passages, notamment les refrains, mais restent rapides et bien engoncés, tandis que certains passages se voient extrêmement mélancoliques, très influencés par les guitares Doom/Death, la constatation que l'on avait pu faire au début du premier titre se voit donc renforcée à tous les titres. 

Et c'est pour finir avec une batterie rapide et puissante, bien mise en avant, avec une double-pédale très cadencée, mélangeant blasts violents et rythmiques posées, encore une fois influencés par le Doom/Death de groupes tels Novembers Doom, on notera un passage ultra-violent sur "Hypnotized". 

"The Struggle, the Self and Inanity" est donc un deuxième jet très réussi pour Soulline, qui présente un univers musical très varié et riche, un Death Mélodique influencé de nombreux styles tels le Doom/Death, le Gothique, le Symphonique, le Black et le Death, mais pour un résultat pas trop pompeux et surtout original. Un groupe qui reste vraiment à surveiller car il ne serait pas étonnant de voir ces cinq suisses nous sortir prochainement un opus qui risque de les propulser très loin. 

Béon. 15/20



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