mercredi 4 juillet 2012

Amelnakru & Annorkoth: Napistum

Torturés, sombres et malsains, deux univers à la fois très différents et très proches...


Deux one man band. L'un venu des contrées froides de Russie, l'autre venu de celles chaudes de l'Irak. 
Si Annorkoth s'est bien fait connaitre ces derniers temps grâce à ses nombreuses productions, toutes plus bluffantes les unes que les autres, l'Irakien d'Amelnakru a tout autant de mérite: bravant les nombreux interdits instaurés dans son pays, connu pour ne compter que très peu de formations, les plus connues étant Acrassicaudaet Dog Faced Corpse, il aura quand même réussi à sortir pas mal de productions entre ses side-projects Erragal, Kurgal et Amelnakru 

1/ Amelnakru 

Si certains albums de Grind peuvent être censurés de par leurs thèmes ou leurs artwork parfois trop gores et violents, Amelnakru pourrait l’être pour ce qu'est simplement sa musique. En effet, les trois titres de l'Iraquien ne sont pas fait pour les âmes sensibles... 

Bien que les thèmes dénoncent profondément la guerre et souvent la politique de son pays, d'une façon relativement implicites, le Black Métal que nous joue Lord Erragal pourrait être vu comme une torture musicale, car il faut l'avouer, impossible de trouver cette musique agréable, contrairement à Annorkoth qui sait jouer sur les mélodies. 

Ainsi, dès le début de "Wrath", on est mis en transe dans une bulle dérangée et tourmentée, grâce en partie à une qualité sonore encore plus sale et ternie que celle d'Annorkoth, mais surtout à cause du chant qui se voit bien plus horrible et spécial que tout ce que n'importe quel amateur de Métal extrême aurait pu entendre jusque là: profond, terrorisant, tourmenté, malsain, sépulcral, dépressif, morne, torturé, atterrant et surtout perturbant, il se voit sombre et lointain, jouant avec des échos violents et des hurlements cinglants, comme un démon sortant d'une caverne. 

De ce fait, on a du mal à entendre les autres instruments peut-être un peu trop mis en arrière, et malgré les petites "pauses" où le chant n'est pas présent, on reste trop préoccupés par ce que l'on vient d'entendre pour faire attention aux riffs pas forcément très travaillés et à la batterie presque inaudible. Niveau claviers, les notes se font vite oublier... 

2/ Annorkoth 

Evidemment, et vous avez du vous en douter, dès le début de "When Life Breaks Down", on entend le son si spécial des guitares et des claviers que nous avaient offertes les précédentes productions, le son spécifique d'Annorkoth est reconnaissable entre mille. 

Ainsi, contrairement à ce que l'on a pu entendre dans le court et monstrueux "Failure Part II", c'est une vague de guitares mélancoliques et plutôt mélodiques, ainsi qu'un chant bien différent de celui de Lord Erragal: plaintif, oui, torturé oui, mais plus atmosphérique, moins erraillé, nous avons surtout affaire à des souffles démoniaques, et bien que moins présent que celui d'Amelnakru, il se voit tout aussi efficace et prenant. 

Malgré ces deux chants à la fois différents dans la forme mais similaires dans l'idée, nous avons affaire à une instrumentation plus travaillée: par exemple, dans "And the Trees Will Grow...", nous avons droit à une douce et agréable guitare acoustique mélancolique, plutôt shoegaze, version Cursed Altar ou Alcest dans l'idée, et de toute façon, il est vrai que le style d'Annorkoth se rapproche plus d'un mélange post-black/post-rock, bien plus mélodique qu'Amelnakru. 

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Ce petit split démontre donc deux choses: Amelnakru est un one-man band à surveiller de près, si l'envie vous vient et qu'il ne vous a pas trop écœuré, et même si toute la partie instrumentale est à perfectionner, l'ensemble promet bien des choses. Quant à Annorkoth, il est définitivement LE one-man band le plus prometteur de Russie, qu'on le veuille ou non. 

Un univers à la fois poignant, torturé et bien spécial, les deux monstres, puisqu’on pourrait presque les appeler comme ça, se sont associés pour nous fournir une musique dont on se rappellera. Pour certains, écouter "Napistum" à de nombreuses reprises sera avec plaisir, pour d'autres une seule écoute suffira, mais une chose est sure, c'est que dans les deux cas, on en ressort bouleversé, et il me semble bien que c'est ce que voulaient les deux hommes. 

Béon.

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